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Fabriquer et utiliser des toilettes sèches

Toilettes sèches ou TLB

Ce que l’on désigne couramment sous le nom de toilettes sèches porte en réalité le nom beaucoup plus élaboré de Toilettes à Litière Bio-maitrisée, TLB pour les initiés.
Cette dénomination permet de ne pas faire l’amalgame avec un autre type de toilettes (un peu moins sèches) qui consiste en une simple « fosse à caca ».
Les raisons pour lesquelles je me suis lancé dans cette expérience sont très simples; consommer moins d’eau (utiliser de l’eau potable pour évacuer nos excréments est une hérésie) et valoriser ces déchets pour obtenir un fertilisant naturel de grande valeur.

Des toilettes sèches c’est quoi ?

Le principe des Toilettes sèches à Litière Bio-maitrisée est simple.

– C’est faire ses besoins dans un récipient et recouvrir ce trésor avec un peu de matière végétale, la « litière » (le plus souvent, sciure ou copeaux).

Il existe 2 écoles pour le contenu du récipient. Celle du « caca sans pipi » (toilettes sèches à séparation d’urine) et celle du « caca avec pipi » !
J’ai opté pour la seconde car l’urine est également un très bon fertilisant.

les fournitures nécessaires

Avant d’investir dans du matériel dédié à notre affaire, j’ai voulu passer par une phase expérimentale afin d’évaluer la viabilité du projet et de noter les avantages et inconvénients de cette technique.
J’ai donc commencer par réunir les objets, fournitures et matériaux nécessaires à la collecte de mes dons journaliers.
1) – Le pot de collecte : Il est constitué par un seau en plastique d’une capacité d’environ 25 à 30 litres muni d’une lunette avec couvercle, le tout fabrication maison. Tous ces éléments sont de récupération.

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2) – Le bac à compost : J’ai construit un bac (sans fond) aux dimensions suivantes: section 74 x 81 cm pour une hauteur de 81 cm soit un volume totale de 485 litres environ. Ce bac a été réalisé à partir de bois de palettes qui trainaient dans la nature. Il est recouvert par une bâche en plastique (elle aussi de récupération).
3) – La litière : J’ai envisagé de tester plusieurs sortes de litières pour, d’une part avoir des approvisionnements diversifiés et d’autre part avoir un compost plus varié.
Les matériaux testés sont les suivants : Carton broyé, paille, copeaux, sciure, feuilles broyées, broyât de branches sèches.

Bilan après 6 mois d’utilisation

Pendant les 2 premiers mois, j’ai été le seul a utiliser les TLB car je ne voulais pas imposer mon choix. Puis c’est devenu une histoire de famille et nous avons été 2 à les utiliser.
Le bilan après plus de 6 mois d’utilisation est très positif et les éléments négatifs s’ils existent vraiment sont infimes.

  • C’est très pratique à utiliser, aucune différence fondamentale avec les toilettes classiques. Au lieu de tirer la chasse d’eau il suffit de saupoudrer un peu de litière.
  • Il n’y a pas plus d’odeur dans la maison qu’avec des WC classiques.

L’économie d’eau potable est conséquente.
En un peu plus de 6 mois j’estime avoir préservé plus de 3.500 litres !

  • Au 31 décembre, le niveau du bac de compost est d’environ 40 cm (soit à moitié rempli, mais le niveau est quasiment stable du fait de l’activité des lombrics, insectes et micro organismes qui transforment cette matière en compost). Les dimensions choisies sont donc adaptées.
  • Les seuls inconvénients que pourraient y voir certains sont la nécessité de vider le seau environ une fois par semaine (avec une légère odeur d’urine au moment de cette vidange et du premier rinçage à l’eau de pluie) et la nécessité de disposer d’un stock de litière qui peut apporter quelques poussière dans la maison dans la zone d’utilisation.

Conclusion

C’est donc à l’unanimité que cette pratique a été adopté à l’issue de la période d’essais.
Nous allons maintenant passer à la construction de TLB « de luxe » qui feront à terme partie intégrante des aménagements de la maison !
Je reviendrais sur ces développements dans un futur article.
Nota : Ces toilettes n’ont été utilisées que lors de la « grosse commission ».

Pour ceux qui veulent en savoir un peu plus

Le matériel :
Le seau utilisé pour les essais a les dimensions suivantes: Diamètre 35 cm pour une hauteur de 35 cm. Avec la lunette fabriquée dans une chute d’aggloméré (épaisseur 19mm), découpée, poncée puis vernie l’assise se trouve à une hauteur de 37,5 cm du sol. La hauteur de l’assise est importante et je pense qu’il ne faut pas dépasser 41 cm.
Le couvercle est fait aussi dans une chute d’agglo poncée et vernie à laquelle j’ai ajouté une poignée de récupération.
Nota: Notre morphologie fait que la position idéale pour faire « la chose » est celle que l’on a sur des WC à la Turque, c’est à dire accroupi. Je trouve que beaucoup de WC « suspendus » sont positionnés trop haut et c’est pourquoi je préconise une hauteur maxi de 41 cm.

Les différentes litières testées :
fabriquer-et-utiliser-des-toilettes-sechesLe carton (non imprimé), les branches sèches, la paille ont été passées au broyeur à végétaux pour obtenir des matériaux fractionnés (voir photos). Les feuilles sèches ont été broyées à la main après récolte en fin d’été. La sciure et les copeaux (préférez les feuillus, chêne, hêtre, etc.) proviennent de mes bricolages ou de ceux d’un ami.
Avantages de ces litières; elle sont gratuites et participent au recyclage de déchets(cartons, sciure, copeaux) et de la biomasse du jardin (feuilles, branches). La paille utilisée pour les essais provenait de chez un agriculteur BIO.
Je déconseille l’utilisation de paille ou de carton seuls, car au contact avec l’urine l’odeur sans être nauséabonde n’est pas agréable. En revanche, les autres litières conviennent toutes.
La configuration que j’ai retenue est la suivante : Avant la mise en service des toilettes après vidange du seau, je constitue un fond de litière de 2 à 3 cm constitué à parts égales de paille et de carton. Puis lors des utilisations successives je recouvre les selles en variant les litières (broyât, sciure, copeaux, feuilles). Pour la dose de litière, l’équivalent d’un ou deux verres suffisent.

Vidange, nettoyage et compostage :
Pour deux personnes et la capacité du seau évoqué, il est nécessaire de vider le récipient une fois par semaine. Le contenu du seau est déversé dans le compost spécifique puis rincé 2 ou 3 fois avec un peu d’eau de pluie (l’eau de rinçage est utile pour humidifier le compost et favoriser ainsi le travail de la microfaune). Le tout est étalé et aéré avec une fourche. C’est le seul (court) moment où l’on est confronté à la présence d’odeur. Une fois rincé, le seau est nettoyé avec un peu de vinaigre blanc puis rincé une dernière fois.
fabriquer-et-utiliser-des-toilettes-sechesDe temps à autres, j’ajoute un peu de feuilles, d’épluchures ou d’herbe pour varier l’alimentation des lombrics !!! Le carton central des rouleaux de papier hygiénique est également composté.
Le compostage doit se faire dans un bac réservé aux toilettes sèches. Ce bac doit être impérativement couvert pour éviter tous ruissellements des eaux de pluies au travers de ce compost.
Le compostage se fait sur trois années pour une complète assimilation des matières par les micro-organismes, d’où la nécessité de disposer d’au moins deux bacs de compostages.

La dernière année le contenu peut être mélangé au compost classique du jardin. Dans mon expérience, la faune du compost était déjà très active dès début octobre.

Bilan

L’intérêt de cette pratique telle que nous l’abordons est de recycler la biomasse localement sans polluer l’environnement.
Les déchets (humains et végétaux) sont recyclés et valorisés sur place gratuitement.

Le compost obtenu apporte au jardin les nutriments essentiels à la croissance des plantes (Azote, Phosphore, Potassium)

Le recyclage du phosphate « humain » est d’autant plus intéressant que les gisements mondiaux s’épuisent et que l’on se dirige vers une pénurie.
L’estimation des économies d’eau a été calculée sur le base d’une chasse d’eau par selle et un volume d’eau de 7,5 litres par chasse (sachant que le volume de mon réservoir de WC est déjà réduit d’un litre par l’introduction de volumes morts). Sur la base de ces données, l’économie mensuelle se situe entre 700 et 800 litres pour deux personnes.

Une économie annuelle d’eau estimée entre 8.400 et 9.600 litres !

Bilan après 16 mois d’utilisation

Toujours très satisfait et toujours pas d’investissement dans un seau en inox pour le moment, le « prototype » est toujours en service.
En juin 2020, soit après 1 an de fonctionnement le compost a été transféré dans un deuxième compartiment pour une année supplémentaire de « digestion » par la micro-faune.
Le volume obtenu (décompacté suite à la manipulation) était d’environ 250 litres, l’aspect de ce compost est méconnaissable et absolument sans odeur. Les lombrics y étaient très nombreux.
Pour les économies d’eau qui étaient jusqu’alors uniquement estimées, voici des données précises: Pour notre foyer de 2 personnes, nous avions en 2018 une consommation moyenne mensuelle de 4,9 m³, en 2019 avec seulement 6 mois d’utilisation de TLB, celle-ci est passée à 4 m³. Pour les 10 premiers mois de 2020, la consommation est descendue à 3,4 m³ par mois (cette baisse n’est pas due en totalité à l’usage des TLB, mais elles y participent largement).

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A titre indicatif voici 2 liens vers des sites marchands de TLB et d’accessoires :
Nota: Je n’ai aucun lien ni aucun intérêt avec ces sites.
Fabulous Toilettes.
Lécopot.

DM

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