Alimentation Consommation Hygiène

Naturel, un argument dénaturé !

Naturel !

En voilà un mot galvaudé, utilisé à toutes les sauces, récupéré et usurpé par le marketing.
Normal, c’est un mot accrocheur, vendeur, qui fleure bon l’écologie, qui nous va droit au coeur et nous sommes nombreux à tomber dans le panneau.
Il est utilisé à dessein de nous faire croire que nous achetons éthique et responsable, que nous consommons sain, mais dans beaucoup de cas nous sommes trompés, dupés, manipulés !
Revenons aux bases, à la définition du mot. Naturel ça veut dire quoi ?
D’après le Dictionnaire de la langue française – Littré 1874 « qui fait partie de la nature », « qui est conforme à la nature ». D’après le Larousse « qui appartient à la nature », « qui se trouve dans la nature, qui ne doit rien à l’homme »

Naturel : Qui se trouve dans la nature, qui ne doit rien à l’homme !

Donc le seul moyen de consommer du 100 % naturel serait de ramasser ou cueillir ce que la nature nous offre spontanément.
Si l’on pinaille un peu, le fait de faire pousser ses légumes au potager n’est déjà plus totalement naturel car ceux-ci « doivent quelque chose à l’homme ».
Alors pensez bien que les tomates cultivées hors sol et hors saison (ou pas), dans des serres chauffées, éclairées et confinées sont tout sauf naturelles.
Et que dire des OGM qui « doivent tout à l’homme » et « ne sont pas conformes à la nature ».
Mais soyons raisonnables, le temps des chasseurs cueilleurs est révolu (ou presque) et considérons que le jardinier, le maraîcher et l’agriculteur Bio produisent des légumes naturels car ces acteurs ne font après tout qu’organiser la nature et lui donner un petit coup de pouce sous forme d’arrosage, de compost et de beaucoup d’huile de coude.

Est-ce pour autant que tout ce qui est naturel est bon ?
Demandez à Socrate ce qu’il pense de la cigüe !

Nombreuses plantes, baies ou champignons pourtant 100 % naturels sont toxiques voire mortels.
Il y a aussi les éléments qui, bien que vraiment naturels n’ont pas au premier abord le profil pour l’être !
En effet, quoi de plus naturel que le pétrole qui ne serait pas à l’origine d’une catastrophe annoncée si nous l’avions laissé là où il était.
Quoi de plus naturel que l’Uranium du même nom.
Vous voyez que le problème du naturel n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Alors méfions-nous de cette appellation qui ne veut rien dire en soit.
Voici pour illustrer et conclure cet article deux ou trois exemples de produits pseudo-naturels.

Même le lait n’est plus naturel !

Ce merveilleux liquide l’est pourtant lorsqu’il sort du pis de la vache, mais il ne l’est plus lorsqu’il quitte les mamelles des géants de l’industrie laitière qui se chargent de le dénaturer en le
« standardisant ». C’est à dire que pour gommer les fluctuations (naturelles) de qualité du lait en fonction des terroirs, des races de vaches et des saisons, ce produit est totalement écrémé puis partiellement et artificiellement ré-écrémé à des teneurs diverses en fonction des appellations (écrémé, 1/2 écrémé et entier).
Dans le domaine de la cosmétique, de la parapharmacie et de l’hygiène, en dehors d’argiles, de plantes, tisanes et infusions, de quelques huiles, très peu de produits sont vraiment naturels.
Les huiles essentielles ne le sont pas non plus. Ce sont des produits hautement concentrés obtenus après distillation d’une quantité importante de plantes. Ces produits n’existent pas à l’état naturel à de telles concentrations. C’est un processus identique à celui de la distillation du pétrole pour obtenir les différents solvants et carburants !

La mention « naturel » n’est en rien un gage d’éthique, de qualité ou de santé.
Consommateurs, soyons critiques, ne nous laissons pas berner par un argument qui n’en est pas un.

L’important n’est pas de savoir si nous pouvons remplacer nos produits de consommation courante par d’autres soit disant plus naturels ou plus écologiques, mais de se poser la question:
« Est-ce que cela m’est absolument nécessaire ou est-ce que je peux m’en passer » !

D.M.

%d